C’est la volonté de proposer un modèle événementiel alternatif aux pratiques organisationnelles dominantes du début des années 2000, trop consommatrices de ressources et peu respectueuses de l’environnement, qui a conduit Didier Lehénaff à imaginer le concept des Eco-Games.
Ce concept a été élaboré et testé entre 2004 et 2006 sur un événement fondateur, les Jeux mondiaux de l’environnement. Véritable laboratoire à ciel ouvert, cet événement a débouché sur la définition de 4 piliers et de 10 principes d’organisation, qui constituent aujourd’hui le socle de réflexion et le cahier des charges d’organisation de tout Eco-Games et plus généralement de tout événement qui se veut écoresponsable.
C’est un programme ludique et écologique d’activités sportives et extra-sportives, chargé de sens, porteur de valeurs, et foncièrement respectueux des sites qui accueillent l’événement et des gens qui y habitent. Ces activités privilégient le recours à des ressources locales et un mode d’organisation minimaliste aux plans technique, logistique, financier et en matière de communication.
Leur philosophie humaniste et leur cahier des charges épuré au maximum font que le modèle des Eco-Games peut être dupliqué à l’infini et dans le monde entier. En France, des Eco-Games ont déjà été organisés dans les régions suivantes: Nouvelle Aquitaine, Bourgogne Franche-Comté, Centre, Ile-de-France, Occitanie, Normandie, Auvergne Rhône-Alpes, Guyane, etc.
Contre le gigantisme et le “toujours plus”, les tarifs prohibitifs du spectacle sportif, les malversations de tous types (jeu malsain des transferts, paris truqués, corruption, …); contre le modèle du “tout-économique”, où l’argent est le médiateur de toute relation; pour la gratuité aussi souvent que possible, ou les coûts modiques; et pour les paiements autres qu’en numéraire: produits de première nécessité au profit des sans-abris et mal logés; matériel/équipements de sport, pour des sportif.ives sans ressources; matériel scolaire pour faciliter l’inclusion par l’éducation; pour les partenariats locaux valorisant d’autres modèles économiques que l’investissement-ROI, comme le don, le prêt, le troc, le mécénat, etc.
Contre les tricheries, le dopage, les discriminations de tous types dans et autour des stades, etc. Pour le fair play, l’éthique et la morale; pour le partage, la solidarité, l’inclusion.
Contre les émissions de GES liées à la construction d’infrastructures, aux transports des pratiquants, des spectateurs et des marchandises; contre la production démesurée de déchets; contre les consommations abusives d’eau et d’énergie; pour la préservation des ressources, quelles qu’elles soient, et la sobriété des usages.
Contre le modèle sportif pyramidal, vertical et descendant; contre l’opacité des prises de décisions; contre la corruption; et pour une gouvernance partagée et horizontale.
Contre la standardisation des distances, des temps, des formats; contre les critères de participation fondés sur un niveau minimum de pratique; contre le chronométrage et les classements systématiques, contre la compétition à outrance; contre les infrastructures et les équipements/matériels dont on peut se passer, … Et pour une organisation qui incite les participants à passer “de l’autre côté de la barrière” afin de e.g. découvrir toutes les tâches d’organisation: accompagnateur, ravitailleur, arbitre, pointeur, chronométreur, photographe, etc.
Chaque Eco-Games doit tendre vers le zéro déchets, le zéro consommation de ressources, le zéro émission de gaz à effet de serre, etc. Tout en laissant derrière lui un héritage environnemental et soci.ét.al notoire.
La programmation de chaque Eco-Games est élaborée de manière consensuelle par un ensemble de parties prenantes et d’usagers du territoire hôte de l’événement. Tout le monde s’assoit autour de la table, chacun participe aux discussions et aux décisions qui sont prises… c’est la meilleure manière de garantir que toutes seront approuvées et respectées.
Les Eco-Games sont pensés par les locaux pour les locaux, qu’ils soient sportifs ou non, et quels que soient leur sexe, âge, CSP, etc. Cette “relocalisation” de l’événementiel sportif garantit une diminution drastique des émissions de GES et la prise en compte des volontés, motivations et intérêts des habitants du territoire d’accueil.
On ne peut pas être en bonne santé sur une planète malade, et réciproquement: les Eco-Games sont conçus dans le respect absolu du bien-être et de la santé des participants, des organisateurs et des populations locales, mais également des espaces, sites et itinéraires de pratique sportive.
Organiser des Eco-Games tient en 1 page et 10 principes d’organisation, présentés ci-dessous.
Pas de cahier des charges lourd, rigide, et souvent inadapté au contexte local.
Pas de modalités sportives obligatoires ni de distances formatées.
Mais une dizaine de principes de fonctionnement riches de sens, à s’approprier, assimiler, accommoder, digérer. Un processus d’autant plus facile à engager que les porteurs des projets Eco-Games feront preuve d’empathie et de bon sens.
Et un mot d’ordre permanent, très anglo-saxon : K.I.S.S. ! – Keep It Simple Stupid –
La préparation et le déroulement des Eco-Games s’inscrivent par essence dans la droite ligne des obligations de soutenabilité et de sobriété imposées par les objectifs du millénaire de l’ONU : valorisation extrême des composantes environnementales et application d’une charte environnementale d’organisation, maximisation de la dynamique sociale locale, optimisation des coûts d’organisation, logique de redistribution des gains éventuels aux acteurs locaux, etc.
L’environnement local physique et humain conditionne les pratiques sportives et animations extra-sportives qui seront retenues dans le programme des Eco-Games ; ces pratiques découlent donc "naturellement" des caractéristiques du territoire-hôte et de celles de ses habitants, et s’y inscrivent harmonieusement.
Les pratiques sont systématiquement aménagées pour les rendre accessibles à tous les publics, compétiteurs ou non, femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, etc., de manière à favoriser la participation du plus grand nombre.
Le programme sportif propose un mix équilibré entre modalités compétitives et épreuves de découverte (c’est-à-dire sans classement ni chronométrage).
Aussi souvent que possible, la performance sportive pure est pondérée par une prise en compte de l’environnement physique et humain local, afin de valoriser au mieux le territoire hôte, et minimiser l’empreinte environnementale / maximiser l’épanouissement personnel et social des participants. Les organisateurs s’engagent également à améliorer au fil des années la performance environnementale de leur événement.
L’organisation des Eco-Games est foncièrement minimaliste et leur logistique épurée au maximum, de manière à s’affranchir pour partie des contraintes qui entourent traditionnellement les organisations sportives, et en simplifier la préparation et le déroulement (le minimalisme des structures et de l’organisation constitue d’ailleurs sans doute la marque de fabrique de ces Jeux).
Les Eco-Games s’appuient au maximum sur les ressources disponibles dans l’environnement local hôte support des pratiques ; ces ressources auront fait l'objet d'une étude préalable approfondie permettant de les identifier de manière exhaustive. "Faire avec l’existant" constitue donc un véritable leitmotiv pour ces Jeux.
La dépendance à l’argent est minimisée, au profit d’autres modèles comme le don ou le troc ; le mécénat est préféré aux partenariats financiers traditionnels, qui prônent la logique d’un retour sur investissement parfois asservissant pour l’organisateur ; aucune prime de course et autre grille de prix n’est proposée aux vainqueurs des différentes épreuves ; etc.
Pour lutter contre le cloisonnement à l’extrême des rôles et des responsabilités, qui nuit foncièrement au sport et au bien-être des ses pratiquants, les Eco-Games proposent à l’inverse de "décompartimenter pour mieux responsabiliser" ; autrement dit, de faire comprendre "de l’intérieur" aux sportifs les rouages de l’organisation du sport, et de les y associer, dans une logique participative de l’ensemble des acteurs concernés.
Les Eco-Games ne sont pas seulement "sportifs", ils proposent en parallèle un programme riche d’activités valorisant les patrimoines naturel et culturel locaux, sous des formes très variées : conférences-débats, séminaires, expositions, rencontres de terrain, visites de parcs & réserves, opérations de réhabilitation des espaces naturels, recycl’art, etc.
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Réalisation : Rémi CLAVEL